LE RETOUR DE SEGOLENE - Jean- Claude GOURVES

1 - ETAT  DES  LIEUX

Depuis le Congrès de REIMS, Ségolène ROYAL « joue le jeu» du parti. Ses relations avec Martine AUBRY sont loyalistes. Lui a-t-elle pardonné le hold-up du Congrès, ou lui accorde-t-elle le bénéfice de la prescription (en quoi je crois personnellement qu'elle a politiquement raison)? En tout état de cause, elles ont toutes les deux promis de se rallier, sans arrière-pensée, à celui - ou celle - qui l'emportera aux primaires.

Ségolène est décidée – elle l'a toujours été – à tenter sa chance.

Dans Le Monde du 16 Juin dernier, Michel NOBLECOURT relève un paradoxe : « Elle a plus d'atouts qu'en 2007, sauf que, cette fois, la mayonnaise ne prend pas … (elle) attire les foules mais reste au plancher des sondages.» A l'époque, elle n 'avait pas encore officiellement fait acte de candidature.

2 – SUGGESTIONS

Face à la valse-hésitation de Martine AUBRY et à l'assurance des autres candidats, Ségolène doit faire un coup . Ilfaut que sa candidature apparaisse comme apportant du nouveau.

       Comment cela? En insistant sur le fait qu'elle entend  FAIRE DE LA POLITIQUE AUTREMENT.

          21 - Elle peut rappeler qu'un certain nombre de ses objectifs (entre autres démocratie participative, abolition rapide des cumuls, en commençant tout de suite dans le parti - et même, maintenant, l'encadrement des jeunes délinquants – ont été repris par ses concurrents, au point qu'ils ont « irrigué le projet 2012 du parti.» (NOBLECOURT). Au bout de bientôt quatre ans on s'aperçoit qu'il y a eu surtout des effets d'annonce. Elle peut donc partir de là : « Si j'avais été élue, nous avions les meilleures chances de tenir nos engagements »

             22 – Il lui faut aussi enfoncer le clou, en remettant à jour, de façon circonstanciée, son programme, en s'appuyant sur les personnalités indiscutables, qui ont la confiance de la population et la sienne, sur lesquels elle s'appuie pour préparer la bonne gestion du pays.

         Elle luttera ainsi contre la mauvaise réputation d'amateurisme et d'incompétence que veulent lui infliger ses adversaires de façon récurrente, malgré la gestion, apparemment approuvée, de sa Région Poitou-Charente! Si c'était vrai, des personnalités reconnues prendraient-elles le risque de soutenir sa candidature et accepteraient-ils de faire équipe avec elle … même si pour le moment les élus ne sont pas (pas encore?) très nombreux? C'est aussi sans compter les 17 millions d'électeurs qui ont voté pour elle en 2007, qui n'étaient peut-être  pas tous des irresponsables et qui ne l'ont sans doute pas tous oubliée ?

           23 – Il me semble qu'il faille encore aller plus loin. Ségolène doit se démarquer du comportement habituel des candidats.

3 – UNE   OBLIGATION   DE   RESULTAT

                  31 – Comme tous les candidats habilités par le PS, Ségolène a promis d'en soutenir le PROJET. Je crains que, pour beaucoup d'électeurs, cela n'engage pas à grand chose. Combien de points importants des différents projets, socialistes ou autres, qui se  sont succédé depuis la Libération, n'ont-ils pas été abandonnés en cours de route, toujours avec d'excellentes raisons : évolution imprévue de la situation internationale et/ou de la conjoncture intérieure? … Souvenons-nous comment en 1981, après l'euphorie du retour au pouvoir, il a fallu en venir au plan de rigueur de Pierre MAUROY, avec dévaluation à la clé, parce que les  promesses électorales d'augmentation du pouvoir d'achat n'avaient pas suffisamment tenu compte de l'incapacité de notre tissu industriel de l'époque à répondre à cette subite demande : il a fallu importer plus que prévu.

         A vrai dire, aux yeux des gens, ce n'est pas le projet mais le programme qui engage vraiment. On n'est plus dans les intentions mais dans l'application concrète. Dans Ouest-France du 24 juin dernier, Guillaume GAROT, député-maire de LAVAL justifie ainsi sa fidélité à ROYAL :  « C'est la candidate des solutions ». Ségolène a repris la formule à son meeting d'Arçais, le 25 juin, dans le marais poitevin et dans toutes ses réunions désormais. Elle y a affirmé sa volonté d'être « la présidente des solutions … du socialisme qui marche et qui obtient des résultats. »

 Ce que je suggèrerais, c'est que, dans sa campagne, Ségolène expose, bien sûr, l'ensemble des objectifs de son mandat, mais qu'elle prenne, comme caution de sa volonté d'aboutir, quelques « mesures-phares » pour lesquelles elle adopte un échéancier et s'engage à démissionner s'il n'est pas respecté. Il faudra que ces projets aient été bien choisis, minutieusement préparés, qu'on tienne compte du temps nécessaire à leur élaboration définitive, éventuellement du temps d'expérimentation partielle avant leur extension à l'ensemble du pays après consultation des électeurs.

« La politique autrement » Ségolène fera ainsi la preuve qu'elle se place dans la catégorie des élus du peuple,   qui ne sont pas préoccupés d'abord de leur carrière politique et, dans la foulée, du bien du pays, mais que c'est ce bien commun du pays qui est sa motivation principale et contraignante. L'ambition, dans ce cas, n'est pas un défaut mais une qualité indispensable.

4 – QUELQUES   EXEMPLES

         L'ordre dans lequel seraient abordées les mesures sera à définir. Elle (re)commence déjà à les annoncer..

                   Il faudrait sans doute commencer par les propositions de sa campagne de 2007, qui ont tellement eu la faveur de ses électeurs que ses concurrents socialistes les ont récupérées, mais ne les ont pas (ou mal) appliquées.

                   41 – La démocratie participative

                Il y actuellement, dans la population, un courant de défiance, une faille, entre l'électorat et le personnel politique. « Inefficaces » dans le meilleur des cas, « Tous pourris » dans le pire, sont des réflexions qui reviennent souvent et font les choux gras du Front National dans ses attaques contre l'UMPS. Ce n'est pas bon pour la démocratie représentative. Il est urgent d'injecter une forte dose de démocratie participative. Elle conditionne l'ensemble de la politique. Elle sera à poursuivre et améliorer pendant tout le quinquennat et sera jugée dans le bilan de fin de mandat, avec des consultations intermédiaires des  électeurs. On pourra, par exemple, utiliser davantage le référendum.

                   42 -  Le cumul des mandats

                 Leur  interdiction serait une mesure emblématique. Pas plus de deux mandats, simultanés ou successifs. Elle avait déjà été théoriquement retenue dans le projet de 2007 mais l'on a jusqu'ici prévu tant de dérogations, exceptions ou arrangements qu'on a fortement compromis sa crédibilité.

                 43 -L'encadrement militaire des mineurs primo-délinquants serait à expliquer : il ne s'agit pas d'en revenir aux enfants de troupe, encore moins aux bagnes d'enfants. Il faudrait aussi faire appel à des éducateurs civils en équipe avec des militaires, tenir compte des essais déjà entrepris.  Dans l'émission « C'est à vous », Michèle ALLIOT-MARIE y faisait allusion. Il y a aussi l'expérience  réussie du Père JAOUEN et se son bateau et sans doute bien d'autres qui ne font pas de bruit ! Les Chantiers de Jeunesse de Pétain eux-mêmes avaient aussi des intuitions intéressantes s'inspirant pour la plupart du scoutisme. Aussi bien, après l'occupation  de la zone libre, plusieurs des cadres entrèrent dans la Résistance.

         Aux dernières nouvelles, un député, président de Conseil  Général et Monsieur Sécurité de l'UMP, Eric CIOTTI, reprend l'idée  d'encadrement militaire « d'  Etablissements publics d'insertion de la Défense Nationale » pour les mineurs de plus de 16 ans condamnés. Pour éviter que ce passage «surveillé » reste une marque défavorable dans leur CV, il serait souhaitable que ces établissements soient conçus pour être aussi ouverts à des jeunes innocents volontaires, par exemple en recherche d'emploi. Ils y trouveraient une première approche de formation professionnelle

         Agréable  surprise : le président de la République vient de cautionner  la proposition CIOTTI ! « Au moins il ne votera pas contre lorsque je la proposerai » aurait commenté Ségolène !

             44 – La réforme fiscale, avec la suppression effective des niches fiscales et l'extinction (sans doute nécessairement progressive …) de la fraude fiscale, la réforme bancaire. 

                   45 – Même les jurys citoyens ...

                                                                         et tutti quanti !

 

                                                +    +    +    +

 

                  Il reste  à ceux qui pensent que Ségolène ROYAL ferait une bonne Présidente de la République, à retrousser leurs manches pour l'aider, selon leurs moyens, petits ou grands, à y parvenir.

 

                   Jean- Claude GOURVES

              QUIMPER,  19 septembre 2011

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :